Amman : Géopolitis

Amman la blanche prend des couleurs à nos yeux. Il est vrai que le charme d’Istanbul a placé la barre très haut sur le plan esthétique. En arrivant ici, y a pas photo, c’est pas pareil. Et pourtant !
Sa saleté, son manque d’espaces publics, ses trop rares espaces verts et l’absence de plans d’eau ne nous ont pas empêché de la découvrir sous un autre angle.
Si son charme ne peut être saisi au premier coup d’œil, elle se dévoile peu à peu en prenant le temps d’aller à sa rencontre.
C'est la lecture d'un ouvrage de la collection Autrement - "Amman. De pierre et de paix", de Myriam Ababsa - qui, entre autres, nous a vraiment permis de saisir son histoire et son impact, qui nous ont marqués. (Nous avons eu de plus la chance de rencontrer l'auteure, elle et sa famille !)

Pour situer le contexte : il y a 100 ans de cela, cette ville ne figurait pas sur la carte. Ce n’est qu’en 1921 que le premier roi jordanien l’a élue capitale de son royaume. Créé après la chute de l’empire Ottoman, il continent alors les territoires de Cisjordanie.

Mais l’identité de la ville est surtout marquée par les vagues successives de réfugiés qui y ont trouvé un abri.

Petit historique pour comprendre l’histoire d’Amman :
1948 : Création de l’état hébreux, Nakba (exode) pour les Palestiniens avec l’arrivée de 100'000 palestiniens à Amman en deux semaines.
1967 : L’Etat d’Israël occupe l’ensemble du territoire. Nouvelle vague de réfugiés de 300'000 palestiniens. Plus de 13 camps de réfugiés sont établis en périphérie de la ville. Ils sont aujourd’hui pleinement intégrés à l’agglomération vu son expansion.
1970 : Boom pétrolier dans le Golf qui voit le départ de centaines de milliers de travailleurs jordaniens pour les pays du Golf. Ils contribuent grandement à la prospérité du royaume.
1988 : Rupture des liens avec la Cisjordanie – elle ne fait plus partie de la carte jordanienne. Les Palestiniens y vivant – Jordaniens jusque là –  deviennent apatrides.
1993 : La prise de position favorable du roi Hussein envers Saddam entraîne la fermeture de tous les pays du Golf aux travailleurs jordaniens. Ils sont expulsés. En l’espace d’un mois, 450'000 Jordaniens formés, aisés et bien nantis sont de retour à Amman. Souffle nouveau dans la ville dans les secteurs de l’immobilier, de l’industrie et du commerce.
2003 : Arrivée de 700'000 à 1’000’000 réfugiés irakiens, toute classe sociale confondue.

Amman est mal-aimée par ses habitants : avec ses 6 millions d’habitants (dont 40% sont des jeunes de moins de 18 ans), le calcul est vite fait : presque personne n’en est véritablement originaire.

Amman est mal-aimée par ses différentes classes sociales : les riches la trouvent sale et en manque de perspectives à la hauteur de leurs ambitions. Les pauvres pour leur part ont le sentiment que leur ville sert désormais les intérêts des riches.

Amman est mal-aimée par les différentes communautés identitaires représentées :
les jordaniens originaires de Palestine ont les yeux rivés sur la west bank en territoire hébreux, dans l’expectative de pouvoir y vivre un jour. Les Jordaniens de souche sont en minorité, et perçoivent une injustice sur le plan des enjeux politiques.

Amman est mal-aimée par les touristes : Ne correspondant pas au modèle des villes traditionnelles islamiques, elle ne révèle pas une beauté frappant au premier coup d’œil.

Amman est mal aimée, et pourtant, elle a un potentiel énorme ! En somme, elle cache son charme.
Sommes nous capable d’aller à sa recherche avec notre regard de touriste avide de sensations fortes et de photos tape à l’œil ? Notre séjour de trois mois aura été salutaire – nous avons pu aller au-delà et apprendre à l’aimer. Car sachons-le : elle est aujourd’hui une ville incontournable sur la carte du Moyen-Orient.

A découvrir : album photo n° 15

Comments

[Viviane du 47!]

Avec vos Super commentaires.... on est en Live!!!
Vous avez fait un super boulot sur le blog, j'ai aussi bien ri, Merci!!!
En attendant de voir vos prochaines photos et... reportages,je vous souhaite de magnifiques fêtes,un très joyeux Noël avec mes meilleurs voeux outre-frontières pour 2009! Bisous, Viviane